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Aurions-nous par mégarde emprunté la DeLorean du Doc en repartant d’Universal Studios et atteint les 88 miles à l’heure créant un vortex temporel ? Nous sommes au cœur de « Retour vers le futur », projetés dans une petite ville historique et pittoresque du sud des États-Unis, bordée d’un littoral où se succèdent des dunes de sable… Bienvenue à Saint Augustine, « The Nation’s Oldest City », la plus ancienne ville des Etats-Unis qui n’hésite pas à le faire savoir avec la liste des plus vieux bâtiments du pays: la plus vieille école (1763), la plus vieille prison (1891), le plus vieux magasin (1840), la plus vieille maison (1720) … Pour être plus précis, il faudrait plutôt parler de la plus ancienne ville occupée sans interruption par des européens. Cette nuance dans la définition permet à Saint Augustine fondée en 1565 de précéder par exemple la ville de Jamestown (1607) ou celle de Port-Royal (1604). Quant à l’autre ville de Floride, Pensacola, découverte en 1516 par les espagnols et fondée par Don Tristán de Luna y Arellano en 1559, elle revendique aussi le titre de première colonie européenne du Nouveau Monde… Mais finalement, peu importe le titre, partons ensemble à la découverte de Saint Augustine, cette petite ville-musée qui figure comme l’une des principales « attractions » de Floride au même titre qu’Orlando et ses parcs à thèmes et/ou Cape Canaveral.

Florida, une terre fleuries et flamboyante

C’est en 1513, le jour de la Pascua Florida (le jour des Rameaux), que Ponce de León découvrit près de l’embouchure du fleuve St Johns une terre fleurie et flamboyante, qu’il baptisa tout simplement Florida ! En 1562, le roi d’Espagne Philippe II envoie Pedro Menéndez de Avilés à la tête d’une expédition pour se débarrasser des huguenots français, à l’embouchure du fleuve St. Johns. Après avoir massacré (le mot n’est pas assez fort sans doute) les colons français, Pedro Menéndez de Avilés et sa poignée d’aventuriers poursuivent tranquillement leur route le long de la côte et prennent possession du port naturel de Saint Augustine le 28 août 1565, le jour de la Saint-Augustin, d’où le nom de baptême de la ville… Ha, ha, deux jours auparavant et la ville se serait appelée « Scooby doo » ou « Snoopy » (le 26 août étant la journée nationale canine). Allez, ne soyez pas chien, ça aurait eu plus de mordant, non ? Au cours de son histoire, la ville est passée plusieurs fois des mains des espagnols aux mains des anglais (sous le commandement du navigateur Francis Drake en 1586 puis lors du traité de Paris en 1763 en échange de La Havane) et vice-versa (traité de Paris – encore – de 1783). Après cette longue période de jeux de mains (jeux de vilains ?), c’est finalement en 1819 (avec le traité d’Adams-Onis ou traité transcontinental de 1819) que les espagnols vendent le territoire (et donc la ville de Saint Augustine) aux Etats-Unis. Faisant suite à ce traité, en 1921, La Floride devient officiellement territoire de la jeune nation.

Saint Augustine en petit train…

Les touristes affluent à Saint Augustine pour flâner dans ses rues pavées, s’attarder dans ses cafés, visiter ses charmantes boutiques (qui vendent des pacotilles fabriquées dans des pays lointains) ou explorer l’histoire de la ville dans ses innombrables musées… comme le Spanish Military Hospital Museum où la visite guidée détaille les techniques médicales de l’époque coloniale: amputation, poses de sangsues et autres pratiques peu ragoutantes de l’époque ; âmes sensibles, prière de s’abstenir ! Le charme de Saint Augustine, son histoire et son décor superbe en font l’endroit rêvé pour les amateurs d’histoire. Avec ses maisons espagnoles aux balcons en surplomb, ses nombreux monuments et ses ruelles pittoresques où l’on circule essentiellement à pied, Saint Augustine est une ville au cachet très européen. Cependant, si la marche ne vous passionne pas, le tour de la ville s’offre aussi en calèche ou en petit train. Le quartier historique (son centre est classé National Historic Landmark District) est très touristique tout comme la St. Georges Street qui est l’artère principale du vieux quartier. Le Dow Museum of Historic Houses qui regroupe neuf maisons historiques construites entre 1790 et 1910, occupe un quadrilatère bordé par les rues St Georges, Bridge, Cordova et le St Joseph Convent. La ville entretient avec fierté son Spanish Quarter, une reproduction d’un quartier colonial espagnol du 18ème siècle. Dans un ensemble de maisons et d’ateliers en bois joliment restaurés, des figurants habillés en costume d’époque enfournent le pain, travaillent le fer, le cuir ou le bois dans des ateliers restaurés, ou sont assis à leur métier à tisser. Il y règne comme un petit parfum de nostalgie… Au numéro 14 de Saint George Street se trouve The Oldest Wood School House, la plus vieille structure en bois (cèdre et cyprès) de Saint Augustine. A l’intérieur, une reconstitution tente de retranscrire l’atmosphère de l’époque avec un professeur et des enfants, avec livres d’école, ardoises, stylos et carte anciennes.

The Oldest Wood School House

En flânant dans les rues, vous pouvez admirer de très beaux monuments de style mauresque tels que le Flagler Collège (aujourd’hui une université d’arts fondée en 1968 et anciennement un hôtel de luxe, le Ponce de Leon), Alcazar Hotel City Hall (Hôtel de ville) ou encore le Casa Monica Hotel… Où que vous soyez en Floride, la trace d’Henry Morrisson Flagler et son nom sont omniprésents. En 1885, se rendant compte du potentiel de la ville de Saint Augustine, monsieur Henry M. Flager acheta le chemin de fer pour transporter les passagers de New York à Saint Augustine, un trajet de moins d’une journée. Les nantis des Etats du Nord attirés par un décor naturel exceptionnel et un climat idéal, affluent à Saint Augustine et logent notamment dans les deux hôtels de luxe le Ponce de León Hotel (1888) et l’Alcazar Hotel (1889) appartenant à un certain Henry M. Flager… C’est l’âge d’or pour Saint Augustine jusqu’à ce que la Grande Dépression de 1929 et l’attrait de Palm Beach mettent fin à ce beau rêve… Il est difficile de décrire la beauté du campus du Flagler Collège avec ses bâtiments de style mauresque en briques et aux toits de tuile rouge. Il est agrémenté de grandes tourelles et de flèches et les espaces verts composés notamment de palmiers sont magnifiques. Le Molly Wiley Art Building (1885-1887) reconnaissable à sa grande cheminée (Edison Boiler Building), a abrité des studios d’artistes qui servent aujourd’hui de salle de classe pour les étudiants en beaux-arts et en graphisme.

Memorial Presbytarian Church

D’autres bâtiments de la ville méritent aussi amplement le détour pour leur spendide architecture… La Cathédrale Basilica de Saint Augustine (1793-1797), plusieurs fois incendiée et restaurée, est un imposant bâtiment d’architecture coloniale Espagnole et Renaissance. Le clocher et la nef transversale ont été ajoutés après l’incendie de 1887. Là aussi (encore me direz-vous), le lieu renferme les plus anciens écrits des Etats-Unis (des écrits de la paroisse datant de 1594). Enfin, la visite serait incomplète sans admirer la très belle Flager Memorial Presbyterian Church (1889) qui a été construite en mémoire de Jenny Louise, la fille de Henry Morrisson Flager (encore lui !) en moins d’une année (ce qui est un sacré exploit !) … Presque voisine, la Trinity Episcopal Church (1830-1831) est… je vous le donne en mille… la plus ancienne église protestante de Floride ! Dans un tout autre style, le Castillo San Marcos est une impressonnante forteresse (espagnole puis britannique et enfin américaine) avec quatre bastions situés aux quatre coins. Il s’agit, bien entendu, du plus vieux fort en pierre des Etats-Unis (on s’en serait douté !), construit entre 1672 et 1695 par les espagnols pour se protéger des ennemis amérindiens et des pirates. Entourée de douves qui communiquent avec la Matanzas Bay, elle n’a jamais été prise par la force grâce à sa structure en étoile (dans le style des forteresses hispaniques) et à ses murs de 6 à 9 mètres d’épaisseur faits de « coquina ». « La coquina » (type de lumachelle) est une roche sédimentaire calcaire formée essentiellement de coquilles incomplètement consolidées que l’on trouve sur les côtes de Floride. Elle a la propriété de ne pas se fendre et de bien absorber les chocs… les boulets de canon restaient coincés dans le mur plutôt que de le briser !

Anastasia Island State Park, plage et coquillages

Si vous avez encore un peu de courage, vous pouvez terminer votre visite temporelle en montant courageusement les 219 marches de Sainte Augustine Lighthouse (1874) pour avoir une vue panoramique à couper le souffle à 50 mètres de hauteur ! Cette tour peinte en noir et blanc en spirale comme un sucre d’orge et surmontée de sa lanterne rouge, est situé sur Anastasia Island, une île qui fait face à la ville et que l’on rejoint par le Bridge of Lions. Au pied du phare, la maison du gardien a été restaurée (suite à un incendie en 1970) et transformée en musée racontant l’histoire maritime locale… parce que bien sûr il s’agit du plus ancien port des Etats-Unis aussi … Bouh ! Le phare et ses alentours font partie des lieux préférés des « chasseurs de fantômes »: des visiteurs ont vu passer une ombre à la longue chevelure évanescente, des guides touristiques disent avoir entendu quelqu’un monter les marches mais personne n’est jamais là, en haut de la tour etc. L’Atlantic Paranormal Society (TAPS) est même venu, avec des équipements audio et vidéo, pour tenter de prouver (ou non) que le lieu était hanté… Dans cet épisode des Traqueurs de fantômes (Ghost Hunters est une émission de téléréalité américaine diffusée sur Syfy) une voix de femme semblait dire « aidez-moi » à quelques reprises sur l’enregistrement audio et la caméra vidéo a capturée une silhouette sombre se déplaçant très rapidement dans l’escalier circulaire, puis s’arrêtant pour regarder sur la balustrade vers le bas l’équipe de tournage du dernier étage… Réalité ou supercherie, je vous laisse le libre arbitre ! En tout cas, à la capitainerie, on aurait tendance à dire aux matelots de passage: « fuyez ce phare » ! Mais il est grand temps de faire une longue pause dans « l’Histoire » pour se relaxer les neurones (qui commencent à se faire vieux eux-aussi !) sur les très belles plages du Anastasia State Park. L’Anastasia State Park offre 6 kilomètres de plages vierges et couvre une superficie totale de 650 hectares, d’une grande beauté naturelle. Faites une promenade le long du sentier d’interprétation de la nature, observez les oiseaux de mer qui vivent sur le marais d’eau salée, explorez le hamac de haute terre sur les anciennes dunes (les plus vieilles dunes des Etats-Unis… non, je plaisante !), ramassez des coquillages le long des rives sablonneuses ou allongez-vous simplement avec un bon livre et écoutez le bruit des vagues en arrière-plan… Fermez les yeux et détendez-vous… vous ressentez une grande chaleur et une grande fatigue vient vous envahir, une torpeur prend possession de votre corps (ah, rappelez les Ghostbusters !). La lassitude devient de plus en plus forte. Vous sentez que vous ne pouvez pas résister. Vous inspirez, expirez au son des vagues: inspirez, respirez, lentement. Vous êtes totalement détendu, calme, savourant chaque instant jusqu’au coucher du soleil.

 

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