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Anibonani, Ninjani ? comme on dit en Zoulou !

Poursuivons notre (votre) découverte par le plus petit des parcs nationaux d’Afrique du Sud… le Bontebok National Park. Il fût créé en 1931 pour sauver les 30 Bonteboks qui survivaient à cette époque. Le Bontebok est une antilope qui se caractérise par un pelage brun foncé entrecoupé de zones blanches (autour de la queue, ventre, bas des pattes), mais surtout par une bande blanche qui court du front au bout du nez séparant ainsi la tête symétriquement. Ses cornes ont la forme d’une lyre… A les contempler, on se sentirait presque l’âme d’un poète lyrique: « Il contempla longtemps les formes magnifiques / Que la nature prend dans les champs pacifiques ; / Il rêva jusqu’au soir ; / Tout le jour il erra le long de la ravine, / Admirant tour à tour le ciel, face divine, / Le lac, divin miroir » (Tristesse d’Olympio, Victor Hugo).

Bontebok National Park, Bonteboks

Ce projet de sauvetage fut une réussite et le parc abrite aujourd’hui un grand nombre de Bonteboks ainsi que d’autres antilopes et des zèbres des montagnes – rayés noir et blanc, contrairement aux zèbres des plaines qui sont rayés blanc et noir avec une crinière soignée, manicurés jusqu’au bout des sabots… et des rayures verticales car comme le répète Obélix « tout le monde sait que c’est dans le sens vertical que les rayures amincissent ! »). Mais la faune de l’endroit ne se résume pas aux rayures, il y a aussi des pois (les carreaux ne semblent pas être à la mode cette année ?): on a croisé, à différents endroits, la pintade de Numidie ou pintade casquée aisément reconnaissable à un corps rond et une tête bleue proportionnellement très petite. Son plumage est gris-noir parsemé de petites paillettes blanches. Personnellement, je préfère les rayures… mais tous les goûts sont dans la nature c’est connu !

Bontebok National Park, zèbre des montagnes

Le parc se distingue aussi par une fynbos abondante (En afrikaans, fynbos signifie « buisson fin » ou « maquis ») dans laquelle se dresse à 3 mètres de hauteur un aloes indigène, l’Aloe du Cap ou Aloe Ferox (féroce de par sa sève jaune et amère, aux propriétés laxatives ?). Toutes ces émotions, ça creuse. Comme dit Michel Déon, « Pour bien aimer un pays, il faut le manger, le boire et l’entendre chanter ». Alors ce soir au menu: Shashimi de crocodile, Carpacio de Koudou, Samossas de phacochère, puis un filet de springbok, le tout arrosé d’une bonne bouteille de Pinotage… Mais si vous voulez savourer le goût du pays, beaucoup de Sud-africains vous diraient qu’il faut tester le Biltong… une denrée pratiquement introuvable dans le reste du monde; de fines lanières de viande de bœuf ou de brousse, salées, éventuellement marinées et séchées pour la conservation. Tous les morceaux de viande conviennent au Biltong: selle de gnou, longe de phacochère, steak d’autruche ou faux-filet de bœuf !

Ah, ils ont fières rayures ces zèbres quand même. Pour peu, on continuerait notre visite dans une ambiance N&B, ce qui tombe plutôt bien car l’étape suivante se situe au bord de l’océan indien, du côté de Boulders Beach: une zone résidentielle bordée d’une plage qui sert d’habitat à une colonie de quelques 2200 pingouins… On reste donc dans l’ambiance N&B… saviez-vous que ces 2 couleurs étaient une tenue de camouflage ? Et l’explication scientifique… est: leur face dorsale noire les rend peu visible par leurs prédateurs venus du ciel, la ventrale blanche est moins visible par leurs prédateurs venus des fonds marins – CQFD. Ok, l’explication « s’ils étaient tout blanc, on les verrait pas sur la banquise » est aussi valide. Lors de notre passage, beaucoup de jeunes étaient nés depuis quelques semaines ; il est aisé de les repérer avec leur petit duvet (non waterproof !). Le pingouin est loin d’être manchot… il construit son nid sous la forme d’un terrier pour se protéger des prédateurs et des fortes chaleurs. La promiscuité de l’homme fait qu’il a aujourd’hui aussi droit à des terriers artificiels… Seul bémol, on est passé du hennissement au braiment (personne ne nous avait prévenu qu’il y avait des ânes dans le coin ?)… Hé, oui une des caractéristiques de ces pingouins, nommés autrefois les « Jackass Penguins » (littéralement « le manchot baudet ») c’est qu’ils ont un cri proche de celui de l’âne… alors 2200 sur une plage… je vous laisse imaginer la cacophonie !

Cap de Bonne Espérance

Un peu de silence… nous voici à l’extrémité sud de la péninsule du Cap, dans la réserve naturelle Cape of Good Hope (Cap baptisé ainsi par Bartholomé Diaz en 1488) , autour du Cap de Bonne Espérance: grands espaces, faunes, plages désertes et paysages accidentés. Contrairement à ce que l’on pense, le Cap de Bonne Espérance n’est pas le point le plus austral de l’Afrique, ni le point de division entre les océans Atlantique et Indien. Le point le plus au sud de ce continent est le cap des Aiguilles plus au sud-est. Il reste malgré tout un point psychologiquement important pour la navigation car il se trouve à la jonction de courants maritimes contraires de nature à créer des tempêtes ! A deux kilomètres à l’Est, se trouve la Pointe du Cap (Cape point) où trônent deux phares. Le premier phare datant de 1860, construit à 249 mètres d’altitude pouvait être vu à une distance de 67 km depuis la mer. Malheureusement, ce phare s’est avéré totalement inefficace par temps nuageux ou de brouillard (météo courante dans la région !). Après la naufrage du navire portugais « le Lusitania » le 18 avril 1911, il a été décidé de construire un second phare à seulement 87 mètres d’altitude. On y accède par un chemin bitumé à pied ou par un funiculaire nommé « Flying Dutchman Funiculaire » qui tire son nom de la légende locale du vaisseau fantôme « Le Hollandais volant » (cf les films de la saga Pirates de Caraïbes).

C’est dans ce décor grandiose de falaises que notre route a croisé celle de la plus grande des antilopes: L’élan du Cap. Pesant de 300 à 600 kg (attention, il court très vite malgré son poids jusqu’à 70 km/h) c’est un étrange melting-pot: un corps de bœuf, un museau de cerf, des oreilles de cheval, des cornes d’oryx… Pour l’anecdote, il s’apprivoise facilement, son lait contient d’ailleurs 3 fois plus de crème et 2 fois plus de protéines que celui de la vache.

Cape Town, Table Mountain

Direction la ville du Cap, un petit paradis perdu entre mer et montagne et deux océans. Le vent omniprésent rappelle chaque jour pourquoi les premiers explorateurs ont baptisé cette contrée « le cap des tempêtes ». Pourtant, il y règne un climat méditerranéen propice au bien-être. Certains pensent même que le Cap jouit naturellement d’un équilibre « Fen Shui » à cause de la configuration singulière des montagnes et de la côte et de l’exposition au soleil et aux vents. C’est au cœur du Cap que trône la célèbre Montagne de la Table ou « Table Mountain » culminant à 1086 mètres de hauteur, qui fait partie des plus vieilles montagnes au monde, avec ses plus de 360 millions d’années. Comme vous l’aurez aisément deviné, son nom provient de sa forme qui ressemble étrangement à la partie supérieure d’une table. Les nuages s’y accrochent très fréquemment… on dit que la nappe (« table cloth ») est mise. La Montagne de la Table est le symbole principal de la ville du Cap et son attraction touristique principale. Les touristes peuvent monter à pied ou emprunter un téléphérique (de conception suisse SVP !). On a préféré se payer une tête de lion en gravissant la colline voisine Lion’s Head (sous le soleil en plus, ce qui ne gâche rien !) pour avoir une vue panoramique sur Table Mountain et toute la baie du Cap.

Nous abandonnons la péninsule du Cap, sa ville chargée d’histoire, sa magnifique nature et ses townships (bidonvilles) comme Khayelitsha qui est aujourd’hui le plus grand d’Afrique du Sud avec une population estimée à 1,5 millions d’habitants… c’est aussi ça l’Afrique du Sud !

Salani kahle.

 

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